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Le paysage est-il un lieu de mémoire ?

17/10/2012
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Simon Edelblutte,
France Culture

Les horizons ouverts par le renouvellement des recherches sur le paysage sont nombreux et riches. Cette émission évoque plus particulièrement celui de la mémoire, de la trace laissée et gardée, du patrimoine (voir les photos). Deux territoires sont notamment convoqués : le Vercors et la Lorraine. L'émission a été enregistrée en public au Festival international de Géographie de Saint Dié des Vosges. Retrouvez le FIG St Dié dans le cahier "Forum & débats" du journal La Croix le vendredi 12 octobre, avec les contributions du géographe Yves Luginbühl sur le thème "Qu'est-ce qu'un paysage aujourd'hui", un texte de Jean-François Seguin (ministère de l'écologie), sur l'articulation entre conservation des paysages et reconstruction, et un texte de Jean-Robert Pitte sur les paysages sacrés.

Analyse de ces deux paysages industriels par Simon Edelblutte :

PHOTO DU HAUT:

En 1894, la société des Héritiers de Georges Perrin construit, à la sortie nord-ouest de la ville de Charmes, vers Nancy, une très vaste usine textile. C'est la proximité du canal de l'Est, dans lequel on aménage un petit port en face de l'usine, et surtout le vaste terrain disponible qui motive l'implantation de cette grosse filature. Cette société, basée à Cornimont, dans la vallée de la Moselotte, depuis 1834, travaillait alors en liaison avec le textile alsacien. Souffrant de l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871 et surtout de l'étroitesse de sa vallée d'origine, les HGP trouvent à Charmes de vastes espaces plans et une ouverture plus facile vers le marché national. L'usine est complétée par une coopérative et par les inévitables cités ouvrières, construites en deux fois sur trois rangées, complètement détachées du bâti urbain préexistant. L'implantation est un succès, puisqu'en 1901, une deuxième tranche de l'usine est construite, au nord-ouest de la première. Cette usine, très caractéristique des bâtiments industriels du XIXème siècle avec son toit à sheds et ses hautes cheminées de brique, constitue la plus grosse implantation industrielle de ce siècle à Charmes et forme une sorte de village-usine détachée du bâti urbain. Aujourd'hui, l'ensemble est relié à la ville, au fond, par des quartiers de petits collectifs et des pavillons. Cependant, l'usine est fermée depuis 1993, sans qu'une réutilisation pérenne soit encore trouvée, même si un transporteur occupe une partie des locaux. Le paysage que ce village-usine hérité offre un contraste fort avec les implantations industrielles plus récentes visibles de l'autre côté de la Moselle, en prise directe avec le chemin de fer : des hangars fonctionnalistes modernes abritent, dans une ZI périurbaine, des entreprises métallurgiques, de constructions mécaniques ou du bâtiment.

PHOTO DU BAS:

Le cliché montre la succession des hauts-fourneaux entourés de multiples conduites les liant en particulier aux cowpers, tours de métal servant à réchauffer l'air insufflé. Les annexes industrielles (ancienne cokerie, par exemple) et différentes bandes transporteuses accentuent encore le caractère tubulaire du site. Au premier plan, quelques cités ouvrières rappellent le système industriel défunt. Le site est désormais inscrit par l'UNESCO sur la liste du patrimoine mondial et est devenu un centre d'expositions et un musée en plein air, avec un parcours dans les superstructures entourant les hauts-fourneaux.