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Des arbres pour la ville

21/09/2005
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Le Monde

Alors que les citadins sont très attachés à leurs arbres et en souhaitent toujours davantage, des professionnels (paysagistes, arboristes, jardiniers) mettent en garde contre cette "frénésie" actuelle de plantation qui pourrait menacer le paysage urbain et les arbres eux-mêmes.

Réunis en colloque à l'occasion du salon professionnel Jardin et paysage (12-14 septembre Porte de Versailles, Paris), ces professionnels estiment qu'après l'époque d'arrachage des années 60-70, la replantation tous azimuts de l'époque actuelle n'est pas la bonne solution et qu'il faut maintenant viser la qualité des plantations plutôt que la quantité.

"La tradition de plantation des arbres dans les villes remonte au XIXe siècle, mais elle a beaucoup souffert dans les années 1960-70" avec la politique d'urbanisation intensive, a rappelé Frédéric Ségur, directeur du service arboriculture de la ville de Lyon. "Il y a 15 ans, Il y avait 45 000 arbres à Lyon. Aujourd'hui, il y en a 70 000. Avant, il fallait se battre pour planter des arbres, maintenant il faut se battre pour en planter moins pour rechercher un équilibre du paysage urbain", estime M. Ségur.

"Cela a-t-il un sens de mettre des arbres partout", interroge-t-il, indiquant qu'à Lyon une opération de "dédensification" a été faite sur un alignement d'arbres très anciens sur les quais du Rhône qui occultaient la lumière, la vue et l'architecture.
"Tout le monde aime les arbres. Mais les populations échaudées par la détérioration de la qualité de vie en ville se braquent sur des positions excessives. Il est par exemple de plus en plus difficile d'abattre un arbre même dangereux. Les élus répondent parfois hâtivement. La quantité l'emporte parfois sur la qualité", explique Caroline Mollie-Stefulesco, animatrice du débat et auteur d'un livre sur L'urbanisme végétal.

L'architecte paysagiste Olivier Jacquin a déploré l'autre tendance actuelle de planter des arbres déjà grands et beaux. "Planter des gros sujets, cela altère la vie et la pérennité de l'arbre", estime-t-il.

Point de vue nuancé par un autre architecte-paysagiste, Thierry Laverne, selon lequel, dans certains quartiers difficiles, "il y a urgence à faire quelque chose tout de suite qui change la vie des gens".

Yves Contassot, adjoint (Vert) à l'environnement du maire de Paris, n'entend pas renoncer à la plantation de grands arbres, estimant que "planter un arbre jeune, c'est le condamner à cause de l'incivisme, des voitures et des deux roues". "Il y a 95 000 arbres à Paris et il y en aura 100 000 à la fin de la mandature, dans deux ans et demi", indique-t-il.

Enfin, la taille radicale des arbres, généralement pratiquée en France contrairement aux pays du nord de l'Europe, a été également mise en cause par l'arboriste Jean-Louis Morel selon lequel "les scientifiques ont prouvé l'ineptie de cette pratique qui fragilise les arbres".