4 April 2018
L'economiste - (Morocco) [Feature]
Revitaliser la ville en appuyant sur des points particuliers. Un concept né sous d’autres cieux, mais qui commence à faire son bonhomme de chemin au Maroc. Des professionnels de l’architecture et de l’urbanisme veulent transposer les expériences d’autres métropoles afin de remédier aux maux chroniques de nos villes.
Objectif: montrer qu’au-delà des projets structurants et tape à l’œil (à coup de milliards de DH), menés par les communes (et dont le but est principalement de marquer les esprits afin de se faire réélire), il est possible de réaliser des projets de proximité, non budgétivores, avec de multiples retombées à long terme.
«L'idée est d’intéresser nos politiques à ce concept afin de reconquérir l'espace public pour les populations exclues comme les femmes, personnes âgées, enfants et les jeunes désœuvrés», explique Jaâfar Sijelmassi, un jeune architecte qui défend son projet bec et ongles.
Pour cet urbanisme, dont le concept a fait l’objet de recherche académique, la ville est telle «un organisme vivant (ou plutôt un corps malade) sur lequel on peut pratiquer de la médecine douce en appuyant sur des points névralgiques ou zones géographiques». Autrement dit : il est possible d’exploiter des lopins de terre (terrains vagues, friches industrielles, dents creuses, délaissé de voiries…) en les reconvertissant en terrains de sport, jardins publics ou agricoles, aires de jeu, espaces de rencontres des seniors ou lieux de regroupement plaisant… «Une grande partie de la population de Casablanca est originaire du monde rural, elle détient encore un savoir-faire agricole transmissible aux jeunes générations», soutient-il.
Tous les ingrédients sont là: générateurs de revenus, écologiques préservant l’environnement dans la réalisation et renforçant le lien social des quartiers, ces projets pourraient être gérés par des personnes qui feraient payer un droit d’entrée symbolique pour l’entretien.
De plus, les dépôts sauvages d’ordure s’amoindriraient, car qui laisserait son enfant faire du sport dans une décharge publique? Il suffit donc de localiser dans chaque commune ou arrondissement ces «points névralgiques» pour implanter ce type de projets dont le coût est minime. «Avec un budget de 20 millions de DH, on pourrait lancer un millier de petits projets de 20.000 DH chacun», suggère Sijelmassi.
Des idées qui se heurtent aux réalités de la gestion locale. Les voiries publiques appartiennent bien évidemment aux communes. Il faut donc impérativement une réelle volonté politique pour pouvoir mobiliser une assiette foncière. Pour ce qui est du foncier privé, le jeune architecte propose d’inciter les particuliers à s’inscrire dans cette démarche en instaurant à titre d’exemple une exonération ou une réduction de la taxe sur terrain non bâti (TNB). Une manière aussi de couper l’herbe sous le pied des spéculateurs qui attendent la flambée des prix du foncier en bloquant le développement et l’esthétique de la ville.
«Pour impliquer tout le monde, il faudra adopter une démarche participative incluant à la fois le tissu associatif, les collectivités avec l’adhésion des populations». Pour ces projets de proximité, il sera fait usage autant que possible de matériaux à caractère écologique et recyclable tels que le bois, la toile, le bambou ou similaires. Les systèmes constructifs modulaires seront de type forain. Un cahier des charges définissant une charte construction sera établi à cet effet. Sur le plan paysager, certains aménagements qu’on qualifiera de structurants, prendront leur place définitive sur le terrain: plates bandes végétales, horloge solaire, bambouseraie, rhizosphère…
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